mercredi, décembre 19, 2007

Guy Verhofstadt réussit à former un gouvernement

Il aura fallu toute la sagacité de Guy Verhofstadt pour résoudre la crise politique belge. Mardi 18 décembre, le premier ministre sortant est parvenu à convaincre cinq partis de former une coalition. Les libéraux et les chrétiens-démocrates flamands et francophones, ainsi que le Parti socialiste francophone, composeront un gouvernement intérimaire, ou "de transition". Selon un communiqué du palais royal diffusé lundi, il sera "chargé des affaires urgentes et entamera les négociations qui doivent conduire à une réforme des institutions".


M. Verhofstadt, qui dirigeait une équipe chargée des "affaires courantes" depuis les élections de juin, devrait rester en fonction jusqu'en mars 2008. Il passera alors la main à Yves Leterme, leader des chrétiens-démocrates flamands (CD & V), qui sera, d'ici là, vice-premier ministre, et supervisera le début d'une réforme des institutions. Pour réaliser celle-ci, le nouveau gouvernement devait disposer d'une majorité des deux tiers.

Objectif atteint de justesse : cette première coalition "asymétrique" de l'histoire du pays – son aile flamande n'est pas identique à son aile francophone – réunira 101 sièges sur les 150 de la Chambre des députés.

L'équipe ministérielle devrait comporter quinze ministres : cinq CD & V, la plupart réputés pour leur position radicale dans le domaine institutionnel, trois libéraux flamands – dont M. Verhofstadt –, trois libéraux francophones – avec à leur tête le ministre des finances sortant, Didier Reynders, vice-premier ministre, trois PS, dont la ministre de la justice sortante, Laurette Onkelinx, et un centriste francophone (CDH).

FORMULE INÉDITE

Le gouvernement Verhofstadt 3 va s'occuper des questions les plus pressantes : le budget 2008, les prix de l'énergie, l'adaptation des allocations sociales, une éventuelle augmentation des retraites, etc.

La formule est inédite et promise à de nombreuses tensions internes. Au fil des derniers mois, tous les partis avaient formulé de nombreuses exclusives rendant impossible tout accord. Mardi dans la journée, les partis francophones se déchiraient encore, la présidente des centristes annonçant même qu'il "valait mieux" que son parti reste dans l'opposition.

Du côté flamand, on s'interroge sur l'attitude de M. Leterme et de son parti. Tous deux devraient très mal vivre le maintien au pouvoir, même temporaire, de M. Verhofstadt, contre lequel ils avaient axé leur campagne. Lorsque le chef du gouvernement sortant a été chargé de dénouer la crise, après deux échecs de M. Leterme, les chrétiens-démocrates ont continué à revendiquer le poste de premier ministre et souligné que le gouvernement fédéral ne pourrait travailler "contre la Flandre".

Les partis francophones se préparent par ailleurs à des négociations très ardues sur les réformes institutionnelles que M. Leterme compte mener à bien avant les élections régionales de 2009 : pour satisfaire ses alliés séparatistes de la Nouvelle Alliance flamande; pour arriver en vainqueur à ce scrutin plus important pour lui que les élections fédérales.

Jean-Pierre Stroobants
Source : Le Monde

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